Mark Zuckerberg a annoncé jeudi que Facebook prendrait le nom de Meta, dans le but apparent de redorer l'image de l'entreprise, qui est passée du statut de réseau social malmené à celui d'innovateur technologique axé sur la création de la prochaine génération d'interactions en ligne, connue sous le nom de "metaverse".

Lors de la conférence Connect sur la réalité virtuelle, M. Zuckerberg a déclaré qu'il était temps de remanier l'identité de la société pour refléter ses ambitions plus larges.

"Il est temps pour nous d'adopter une nouvelle marque d'entreprise pour englober tout ce que nous faisons", a-t-il déclaré. "À partir de maintenant, nous allons être metaverse first, et non Facebook first".

Dix-sept ans après que Zuckerberg a fondé Facebook dans son dortoir de l'université de Harvard, la marque de l'entreprise a été fortement écornée par une succession de crises, de l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016 au scandale de la confidentialité des données de Cambridge Analytica, rendu public en 2018, en passant par les révélations dommageables du mois dernier de l'ancienne employée de Facebook devenue lanceuse d'alerte Frances Haugen.

Mais même si la société a été assaillie par une vague de reportages critiques sur les méfaits de ses plateformes, sur la base des documents internes mis au jour par Haugen, M. Zuckerberg n'a jamais cessé de se concentrer sur le métavers, qu'il a décrit jeudi dernier comme la nouvelle "étoile polaire" de la société.

Selon lui, le metaverse est la prochaine grande plate-forme informatique sur laquelle les gens vont porter leur attention - et leur argent - dans les années à venir. Et il souhaite que la société Meta, nouvellement baptisée, joue un rôle de premier plan dans sa création et sa transformation en une entreprise de grande envergure.

"La création de nos applications de médias sociaux sera toujours un objectif important pour nous. Mais pour l'instant, notre marque est si étroitement liée à un seul produit qu'elle ne peut pas représenter tout ce que nous faisons aujourd'hui, sans parler de l'avenir", a déclaré M. Zuckerberg.

Mais au fait, qu'est-ce que le métavers ?

M. Zuckerberg a annoncé le nouveau nom, Meta, lors d'une présentation vidéo qui servait d'explication sur le metaverse, un concept futuriste et vaguement défini qui est devenu un mot à la mode dans la Silicon Valley ces dernières années.

Le terme "metaverse" a été inventé par l'écrivain de science-fiction Neal Stephenson dans son roman Snow Crash, paru en 1992. Les passionnés l'utilisent pour désigner des espaces virtuels immersifs où les gens peuvent jouer à des jeux, assister à des concerts, rencontrer des collègues et acheter toutes sortes de biens et de services numériques.

Cette semaine, Facebook a déclaré aux investisseurs que les dépenses consacrées à la réalité virtuelle et à d'autres produits et services de nouvelle génération amputeront son bénéfice d'exploitation global de 10 milliards de dollars cette année. La société a également annoncé qu'elle prévoyait d'embaucher 10 000 travailleurs en Europe au cours des cinq prochaines années pour construire le métavers.

Dans un clin d'œil à la longue série de crises de Facebook, M. Zuckerberg a consacré une partie de la présentation à souligner que l'entreprise mettra l'accent sur la confidentialité et la sécurité lors de la construction de ses nouveaux services et matériels virtuels.

"Les normes de confidentialité seront intégrées au métavers dès le premier jour", a-t-il déclaré. "L'une des leçons que j'ai intériorisées au cours des cinq dernières années est que nous devons mettre l'accent sur ces principes dès le départ."

Ce changement pourrait être la clé de l'existence de l'entreprise.

Rester à la pointe de la technologie ne signifie pas seulement que M. Zuckerberg s'intéresse à la dernière mode de la Silicon Valley. Il s'agit de la pérennité de son entreprise, qui dépend de la capacité à attirer des utilisateurs plus jeunes.

Les documents internes qui ont fait l'objet d'une fuite montrent que Facebook craint de perdre sa pertinence à mesure que sa base d'utilisateurs vieillit. Les personnes de moins de 30 ans passent moins de temps sur Facebook, postent moins et envoient moins de messages, selon un rapport interne préparé en mars et rapporté par Bloomberg.

Pendant ce temps, Instagram, que la société considère comme un pipeline pour les jeunes utilisateurs qui finiront par vieillir dans ses autres applications, perd des adolescents au profit d'autres plateformes de médias sociaux - un phénomène que la société a identifié comme une "menace existentielle", a rapporté le New York Times.

Lundi, M. Zuckerberg a déclaré aux investisseurs qu'il réorientait l'entreprise pour attirer les jeunes adultes âgés de 18 à 29 ans, plutôt que les personnes plus âgées qui constituaient son cœur de métier. Il a cité des menaces, notamment l'application de vidéos courtes TikTok, qui, selon lui, est "l'un des concurrents les plus puissants auxquels nous n’avons jamais été confrontés".

Pour en savoir plus sur les tendances digitales, inscrivez-vous à la 7ème édition des Digital Brunchs par ici.