La 5G a fait couler beaucoup d’encre depuis l’annonce de sa mise en place, et son déploiement est imminent, voire même effectif dans certaines villes. Ce n’est plus qu’une question de mois pour assister à un déploiement massif de la 5G de la part des constructeurs de smartphones et des fournisseurs de forfaits. Nous allons donc faire le point sur le sujet de la 5G et sur son impact sur tous les acteurs engagés dans la chaîne de valeur des applications mobiles.

Pour traiter ce sujet, nous allons d’abord poser les bases de la technologie et identifier les principaux secteurs impactés par cette innovation. Ensuite, nous présenterons l’impact spécifique de cette technologie sur toute la filière mobile sur fond d’aménagement numérique du territoire, à travers la vision de 3 dirigeants d’entreprises : Laurent Bacca, Président de Fullsave, Antoine Roussel, Directeur Général de Alsatis, et Romuald Ribas, Directeur Technique de Appstud. Enfin, 5G or not 5G, nous questionnerons le vrai profit de ce déploiement.

 

5G : la dernière technologie du web mobile

 

Le web mobile, ou encore Internet Mobile, est le terme attribué à la capacité d’un téléphone mobile à accéder à Internet. En somme, c’est l’usage de navigateurs internet et d’applications sur votre smartphone. Ce qui paraît aujourd’hui comme une fonctionnalité intrinsèque d’un smartphone, est en réalité le fruit d’une évolution très importante sur la technologie des téléphones. Les débuts : le protocole WAP Si on doit donner une origine à la flèche temporelle du web mobile, le protocole WAP (Wireless Application Protocol) est le choix le plus logique. Le WAP a été introduit en 1999, et il faudra attendre plusieurs années pour qu’une véritable alternative au WAP survienne.

À cette époque, même afficher une page HTML classique relève du challenge, et on préfèrera des formats spécifiques comme le WAP markup, spécifiquement adapté à l’affichage sur un écran mobile.

 

                                      

C’est évidemment un frein considérable à l’utilisation de l’Internet sur mobile.

La révolution 3G En 2003, Nokia annonce la troisième génération de téléphonie mobile, appelée 3G. Elle fait suite à plusieurs technologies, dans l’ordre chronologique AMPS, GSM, GPRS, puis enfin l’EDGE. Il est important de noter que la signification du terme 3G, 4G ou 5G tel qu’employé par la majorité des personnes, est en réalité un raccourci pour la technologie d’Internet cellulaire associée à cette génération. La 3G est le fruit de près de 20 ans de recherche et développement par l’ITU (International Telecommunication Union). En plus du challenge technologique, la 3G a nécessité l’allocation d’une partie de la bande passante (400Mhz-3GHz) afin de créer un véritable standard de télécommunication.

Si on compare la 3G à EDGE, aussi surnommée la 2.5G, la différence est impressionnante : on passe de 384 Kbps à 3Mbps, soit un débit presque multiplié par 10.

Nous sommes en 2003, et par exemple, un des évènements techniques qui marquera cette année est l’ouverture par Apple de sa plateforme iTunes. Dans ce contexte, la 3G ouvre la porte aux téléchargements de jeux, et autres applications volumineuses, appels vidéos, streaming, et beaucoup d’autres applications alors impossibles avec les technologies en place.

 

 

La 4G, toujours plus vite

 

La 4G est la quatrième génération de technologie du réseau cellulaire. En 2015, la plupart des téléphones vendus sur le marché étaient équipés pour communiquer en 4G, leur donnant accès à un débit toujours plus élevé. En conditions d’utilisation normales, la 4G peut atteindre une vitesse 10 fois plus importante que la 3G, repoussant encore les possibilités en terme de consommation de services. La différence se fait aussi dans la stabilité du signal. En effet, la 3G a tendance à «ralentir» pendant une utilisation constante, là où la 4G reste stable pendant de longues périodes.

Cela permet d’accéder plus facilement à des contenus de type streaming avec une bonne qualité de flux vidéo.

 

La 5G, le boss final du web mobile ?

 

La 5G est le prochain palier que le web mobile est en train de franchir. La principale différence en ce qui concerne l’usage reste la vitesse. Comme les précédentes évolutions au niveau du débit, la progression est bien plus impressionnante qu’une simple fonction linéaire. En effet, la 5G promet des vitesses près de 200 fois supérieures à la 4G, passant de 100 Mbps à 20Gbps. Bien entendu, ces vitesses sont rarement atteintes dans le monde réel, pour la 4G on parle plus de 35Mbps et pour la 5G on vise une fourchette assez large entre 50Mbps et 3Gbps. Ce qui est déjà énorme !

 

 

Un autre paramètre non négligeable est la latence. La latence, communément appelée «ping», est le temps de réponse d’une requête, du moment où elle part du client vers le serveur, jusqu’au moment où elle revient vers le client. Très simplement, A demande une information à B, B renvoie la réponse à A : la latence correspond au temps entre l’envoi de la demande par A et la réception de la réponse par A. Lorsqu’on a des débits aussi importants que ceux mentionnés, la latence devient un paramètre capital, car avec une latence trop importante, l’intérêt du haut débit est limité pour des applications telles que le streaming (Netflix, Youtube, Twitch), le cloud computing (voir plus loin) ou la vidéo conférence. Par exemple, les voitures autonomes pourraient très bien profiter de la 5G pour laisser gérer l’intelligence de conduite par une intelligence artificielle centralisée dans un serveur déporté, qui communiquerait avec la voiture via 5G. Cela permettrait de briser les limites actuellement générées par le matériel embarqué dans un tel véhicule, mais nécessite un débit important et une très faible latence. On peut aussi noter que la 5G a des standards de sécurité plus élevés que les précédentes générations, ainsi qu’une meilleure précision quant à la géolocalisation.

 

 

Les usages qui vont en bénéficier ?

 

Cette nouvelle fréquence, porteuse de compétitivité, va ouvrir une nouvelle ère dans l’industrie numérique mais pas que ! Voici un tour d’horizon des secteurs et usages qui pourront être concernés.

 

Visio Conférence

Dans un monde où il devient essentiel de pouvoir communiquer en dépit d’une réalité géographique parfois complexe, d’autant plus en période ce crise sanitaire, la 5G est une aubaine.En effet, la 5G est un moyen d’obtenir accès à un Internet de haute qualité, supportant des fonctions telles que les visioconférences aisément. Notons que la 4G permettait déjà des visioconférences de qualités, néanmoins, elle pouvait trouver ses limites lorsque plusieurs acteurs étaient réunis simultanément avec les caméras allumées.

 

Plus de streaming

Un des secteurs qui va être directement impacté par la 5G est le streaming. Cette technologie, très gourmande en ressources, nécessite une connexion stable et un débit décent, sans quoi l’expérience est très perturbée (freeze, qualité détériorée, etc.). On peut citer parmi les services les plus populaires Twitch, ou encore Netflix, qui vont très largement bénéficier de la 5G, permettant à leurs utilisateurs la diffusion d’un flux de haute qualité et sans interruption grâce à la vitesse de la 5G.

 

Toujours plus de cloud computing

En augmentant le débit et la vitesse de transit des données, le cloud computing devient de plus en plus intéressant. On peut imaginer déporter toujours plus de calculs sur des serveurs bien plus performants car les réseaux 5G seront beaucoup plus propices à des transits importants de données. À titre d’exemple, il existe des services comme Shadow qui utilisent le cloud computing (appelé dans ce cas, Cloud Gaming) pour offrir à un utilisateur une expérience de jeu en ligne proche de celle qu’on peut avoir avec un ordinateur local. Pour cela, ces services utilisent nos smartphones ou autres appareils comme de simples récepteurs permettant d’afficher l’image, alors que tous les calculs sont réalisés sur des serveurs distants. Les appareils ont alors deux fonctions : afficher l’image de l’écran, et envoyer les commandes actionnées par l’utilisateur dans le cloud. Cette méthode fait transiter beaucoup de données, et nécessite une connexion Internet de haute qualité, que la 5G peut fournir à l’utilisateur d’un tel service. Gaming, encore et encore ! Lorsqu’on pratique le gaming sur son smartphone, on va très souvent jouer en mode multijoueurs sur Internet. Certains jeux permettent d’affronter d’autres joueurs en temps réel, et nécessitent donc de pouvoir jouir d’une connexion Internet suffisamment stable. On peut citer par exemple Clash Royale, PUBG, Wild Rift, Fortnite, et d’autres qui sont largement impactés par la latence. Dans certains jeux, comme les MOBA (jeu multijoueur en arène) ou encore les FPS (jeu de tir à la première personne), la moindre latence est problématique. Dans un jeu compétitif où le joueur doit réagir en moins d’une seconde, une latence, ou un «freeze» peut rendre l’expérience vraiment désagréable. Le gaming vous intéresse, découvrez notre article : « Les success stories du gaming mobile » Ainsi, avec le débit proposé par la 5G, le gaming sur mobile devrait être largement facilité.

 

Gaming, encore et encore ! 

Lorsqu’on pratique le gaming sur son smartphone, on va très souvent jouer en mode multijoueurs sur Internet. Certains jeux permettent d’affronter d’autres joueurs en temps réel, et nécessitent donc de pouvoir jouir d’une connexion Internet suffisamment stable. On peut citer par exemple Clash Royale, PUBG, Wild Rift, Fortnite, et d’autres qui sont largement impactés par la latence.

 

Médecine

L’arrivée de la 5G va grandement bénéficier au domaine de la médecine. La pandémie de Covid-19 a montré le besoin primordial de penser de nouvelles solutions pour soigner à distance. En ce sens, la 5G va permettre de réaliser des progrès significatifs en matière de télémédecine. L’objectif étant de faciliter l’accès aux soins au plus grand nombre. Par ailleurs, dans le monde de la médecine, énormément de données transitent d’un spécialiste à l’autre, l’imagerie médicale, par exemple, souvent très volumineuse et à caractère sensible, est une application directe de l’intérêt de la 5G, grâce à son débit et sa sécurité élevée. La téléopération est une autre application. En effet, le chirurgien utilise un robot qui reproduit ses moindres gestes alors que celui-ci est à des centaines de kilomètres du lieu de l’opération. Tout en réduisant l’état de fatigue du chirurgien qui n’a plus besoin d’être debout en face de son patient, la technologie contribuerait à résorber les déserts médicaux. Cette prouesse est notamment rendue possible par la faible latence offerte par la technologie.